Ilyas ENNMINEJ honoré pour une thèse d’excellence sur l’avenir juridique de la société anonyme au Maroc

Hicham TOUATI
C’est dans l’enceinte du Centre de Doctorat de l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès que s’est déroulée, le samedi 5 juillet 2025 à 9 heures, la soutenance d’une thèse qui pourrait bien marquer un tournant doctrinal et pratique dans le paysage du droit des affaires marocain. Intitulée « La modernisation de la société anonyme : vers un alliage harmonieux de digitalisation et de gouvernance au service de la durabilité du climat d’affaires au Maroc », la recherche de M. Ilyas EN-NMINEJ s’inscrit dans une ambition rare : penser une réforme juridique systémique, subtile et rigoureusement ancrée dans les impératifs de transformation technologique et de soutenabilité institutionnelle.
Devant un jury prestigieux, composé de cinq éminents professeurs, et présidé par le professeur JOUIDI , également rapporteur, le doctorant a brillamment défendu les fondements théoriques et les implications pratiques de ses travaux, s’attirant l’assentiment unanime du comité. La qualité de sa prestation orale, soutenue par une argumentation articulée, maîtrisée et méthodologiquement irréprochable, a été saluée sans réserve. L’ensemble du jury a d’ailleurs décerné à l’impétrant la mention « Très Honorable » avec les félicitations, exprimant ainsi la pleine reconnaissance d’une recherche jugée novatrice, utile et solidement charpentée.
Le sujet de la thèse n’a rien d’anodin. Il embrasse une problématique d’une actualité brûlante : la nécessaire refonte du cadre juridique régissant la société anonyme au Maroc, dans un contexte où la digitalisation et les exigences de gouvernance responsable ne relèvent plus de l’option, mais bien d’une obligation systémique. M. EN-NMINEJ y interroge la capacité du droit des sociétés marocain à s’adapter aux mutations économiques et numériques, sans compromettre les piliers essentiels que sont la sécurité juridique, la transparence et la confiance des opérateurs économiques.
La démarche du doctorant se distingue par une rigueur analytique et une lucidité critique rares. Il propose une refonte intelligente des fonctions dirigeantes au sein des conseils d’administration et de surveillance, intégrant les enjeux technologiques, éthiques et écologiques contemporains. Sa réflexion s’illustre par une série de propositions concrètes, allant de la création de comités de transformation numérique à l’introduction d’indicateurs de performance durables. Il n’hésite pas à plaider pour une insertion maîtrisée de technologies disruptives — telles que la blockchain ou les smart contracts — dans l’architecture juridique marocaine, en insistant toutefois sur l’impérieuse nécessité d’un encadrement normatif approprié.
Le président du jury, le professeur Driss JOUIDI, a exprimé, à l’issue de la soutenance, une appréciation sans ambages : « Nous avons assisté à une soutenance de thèse qui porte sur une thématique importante, en relation avec la modernisation de la société anonyme et du climat d’affaires au Maroc. La soutenance s’est déroulée dans des conditions scientifiques très satisfaisantes, et durant laquelle chacun des rapporteurs et membres du jury a fini par étaler les observations et critiques qui s’imposent, et qui constitueront une valeur ajoutée et un vrai fonds de commerce après pour le doctorant. »
Si le travail de M. EN-NMINEJ a séduit par sa cohérence conceptuelle et sa profondeur critique, il n’a pas échappé aux exigences du débat académique. Le jury, fidèle à la tradition universitaire, a formulé des remarques constructives. Toutefois, ces critiques n’ont nullement entamé la valeur intrinsèque du travail, au contraire, elles ont renforcé son potentiel évolutif et sa vocation à nourrir de futurs projets de recherche ou de réforme.
Ce travail, dirigé par le professeur Bouchta ALOUI, s’inscrit dans une dynamique académique où le droit n’est plus seulement perçu comme une norme figée, mais comme un instrument stratégique d’anticipation, d’accompagnement et de sécurisation du développement économique. Il témoigne aussi de la vitalité de la FSJES de l’USMBA de Fès, dont le rôle moteur dans la réflexion sur l’avenir du droit des affaires au Maroc est ainsi confirmé.
En somme, cette soutenance n’a pas seulement consacré un parcours doctoral brillant, elle a ouvert une voie prometteuse vers une lecture rénovée de la société anonyme marocaine. Entre vision prospective et exigence juridique, M. Ilyas EN-NMINEJ a su conjuguer l’érudition et la pertinence. Son travail s’impose comme un jalon de référence pour quiconque s’interroge sur l’articulation entre modernité technologique, gouvernance éthique et durabilité du climat d’affaires. Une thèse qui, à n’en pas douter, portera ses fruits au-delà des amphithéâtres universitaires.