La FLSH Dhar El Mehraz de l’USMBA : un campus en pleine mutation, entre excellence académique et inclusion humaine
Dans le calme apparent de ses amphithéâtres et couloirs, la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Dhar El Mehraz, relevant de l’Université Sidi Mohammed Ben Abdellah de Fès, écrit en ce moment une page nouvelle de l’histoire universitaire marocaine. Loin des effets d’annonce, c’est dans la continuité des actes, la cohérence des choix et la rigueur des engagements que cette institution emblématique incarne aujourd’hui une transformation de fond, portée par une vision renouvelée du rôle de l’université au XXIe siècle.
L’ampleur des mutations en cours, tant sur le plan pédagogique que scientifique, infrastructurel ou humain, témoigne d’un engagement assumé à faire de cette faculté un modèle à l’échelle nationale. Le premier signe tangible de cette métamorphose se lit dans le paysage architectural et fonctionnel du campus : quatre amphithéâtres d’une capacité totale de 1 600 places, 65 salles de cours pouvant accueillir 5 381 étudiants, et une infrastructure pédagogique globale pouvant contenir près de 7 000 apprenants répartis sur 69 espaces d’enseignement. Cette extension matérielle n’est cependant qu’un levier au service d’un dessein plus vaste : réhabiliter l’université comme espace vivant de production de savoir.
Sur le front de la recherche, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Neuf structures scientifiques, dont huit laboratoires et une unité de recherche, accueillent 340 doctorants dans des conditions de plus en plus propices à l’excellence académique. Ce sont là les piliers d’un édifice où la science n’est plus marginale, mais pleinement intégrée à la vie institutionnelle. À ce titre, l’année universitaire 2024-2025 marque une étape significative : 1 089 étudiants ont décroché leur licence, 128 doctorants ont soutenu leurs thèses, tandis que les cursus du master et du doctorat accueillent respectivement 739 et 893 étudiants, répartis sur 25 formations de master et 22 cycles doctoraux.
Mais ce projet académique ne se réduit pas à ses statistiques. Il se veut aussi profondément humain. La faculté a ainsi accordé une attention particulière aux étudiants en situation de handicap. Trois salles spécifiques ont été aménagées pour les examens et les inscriptions, des outils pédagogiques adaptés ont été distribués: dictaphones, amplificateurs, et des travaux sont en cours pour l’installation de deux ascenseurs supplémentaires ainsi que la réhabilitation des sanitaires dans le respect de la dignité et de l’accessibilité. Pour ces 21 étudiants, le changement n’est pas uniquement logistique : il est avant tout symbolique, porteur d’une reconnaissance pleine et entière de leur place dans la communauté universitaire.
La technologie n’est pas en reste. Trois salles informatiques flambant neuves, équipées de 90 ordinateurs de dernière génération connectés à la fibre optique, sont désormais à la disposition des étudiants. Deux salles de conférences modernes, pouvant accueillir chacune 45 participants, viennent compléter cette infrastructure tournée vers l’avenir. Et ce n’est qu’un début. Le projet prévoit l’ouverture prochaine d’un restaurant universitaire à deux niveaux, l’agrandissement et la numérisation de la bibliothèque, la création d’un bâtiment dédié aux affaires étudiantes et aux examens, et la reconversion de l’ancienne bâtisse dite “Ibn ALBANNAE” en espace administratif regroupant 180 bureaux pour les enseignants-chercheurs. Le tout, accompagné d’une stratégie paysagère ambitieuse visant à faire du campus un lieu à la fois fonctionnel et agréable à vivre.
Mais l’université ne saurait se concevoir sans vie culturelle. À cet égard, la faculté a organisé 49 colloques au cours de l’année écoulée, dont 41 à portée internationale. La revue de la faculté, qui sommeillait depuis 2019, a repris son souffle avec trois nouveaux numéros, et la revue « Doctoriales », dédiée aux doctorants, a vu paraître deux éditions spéciales. Côté sport, la création d’un club multisports a permis à la faculté de briller en cross-country, avec deux médailles à la clé. Preuve que l’excellence peut aussi s’épanouir hors des salles de classe.
Cette dynamique inclut également les étudiants étrangers : 75 cette année, ainsi que ceux en situation de détention, bénéficiant d’un accompagnement pédagogique et social assurant la continuité de leur parcours académique.
Les témoignages recueillis dans les couloirs de la faculté tracent les contours d’un changement perçu comme salutaire. « On ressent une différence réelle dans la gestion de l’établissement, que ce soit au niveau des services, des infrastructures ou de l’écoute », confie une étudiante en master. Un professeur renchérit : « Nous assistons à une réappropriation de l’université comme espace de pensée et de production intellectuelle. La numérisation de la bibliothèque et la rénovation des centres de recherche sont des avancées structurantes. » Pour un étudiant en situation de handicap, « ce qui a changé va bien au-delà du matériel. Il y a un respect nouveau, une inclusion réelle. » Et une doctorante conclut, non sans émotion : « Ce ne sont pas des promesses. Ce sont des faits, visibles, concrets, qui nourrissent notre espoir. »
Ce mouvement, amorcé depuis la nomination du nouveau doyen, semble porté par une volonté claire de conjuguer gouvernance éthique, innovation académique et justice spatiale au sein du campus. À Fès, au sein de cette faculté souffle aujourd’hui un vent de renouveau. Il ne s’agit pas simplement de réformer, mais bien de réinventer l’université marocaine, en y insufflant l’esprit du temps : exigence, humanité, ouverture.










