Au cœur de la réflexion didactique : RONVEAUX et le CREDIF en synergie

Au cœur de la réflexion didactique : RONVEAUX et le CREDIF en synergie

Hicham TOUATI 

Dans une salle comble de la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Dhar El Mehraz, à Fès, de jeunes chercheurs ont vécu ce lundi une immersion rare : celle d’un dialogue intellectuel exigeant avec le professeur Christophe RONVEAUX, figure internationale de la didactique du français, invité du laboratoire CREDIF: premier laboratoire de l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, elle-même classée en tête des universités marocaines pour la huitième année consécutive, selon le classent T.H.E.

Ce lundi 3 novembre 2025, le campus de Dhar El Mehraz s’est animé d’une effervescence singulière. Dès 9h du matin, une vingtaine de masterants et doctorants convergent vers une salle de formation équipée d’ordinateurs, prêts à entamer un séminaire doctoral de trois jours qui fera date. L’hôte du jour n’est autre que le professeur Christophe RONVEAUX, maître d’enseignement et de recherche à l’Université de Genève, dont les travaux font autorité au sein de la communauté internationale de didactique du français.

Invité par le professeur Chakib TAZI, directeur du laboratoire CREDIF, le professeur RONVEAUX n’est pas venu dérouler un cours magistral ; il est venu ouvrir un chantier intellectuel. Penser l’intelligence artificielle générative et les technologies numériques dans l’enseignement. Examiner, avec rigueur, la transmission du français comme discipline scolaire. Interroger les mécanismes invisibles de la transposition didactique : « Qu’est-ce qui s’enseigne réellement dans les classes ? ». Une interrogation apparemment simple, mais qui engage toute l’architecture du savoir scolaire.

Dès les premiers échanges, le ton est donné : ici, on explore, on décortique, on problématise. RONVEAUX se dit agréablement surpris par la vivacité des étudiants : « Ils arrivent avec des textes déjà lus, des concepts saisis, un esprit critique en éveil. Nous sommes immédiatement entrés dans un terrain de discussion et de débat. » Les questions fusent, précises ; les remarques témoignent d’une maturité académique et d’une ambition méthodologique assumée. Loin d’un cadre vertical, un véritable espace de recherche partagée s’installe, nourri d’écoute, de rigueur et de curiosité.

Le programme de cette première journée ouvre un parcours intellectuel dense : penser l’articulation entre intelligence artificielle générative et pédagogie ; explorer les résultats d’une enquête internationale sur les compétences scripturales des adolescents (projet LM-Ados) ; analyser les transformations des outils de l’enseignant à l’ère du numérique. Pour les doctorants du CREDIF, l’exercice est précieux : pénétrer, aux côtés d’un chercheur de haut niveau, dans les coulisses de la fabrique du savoir, revisiter les fondements de la discipline tout en éclairant les pratiques scolaires actuelles.

Le temps fort de l’après-midi voit une sélection de doctorants présenter leurs pré-projets de thèse. Moment décisif : confronter ses hypothèses au regard d’un expert international, sous l’œil bienveillant mais exigeant du professeur TAZI et de la professeure de didactique Mme SENHAJI. Là encore, la qualité des échanges impressionne. Chaque projet est discuté avec finesse et profondeur ; les conseils sont précis, méthodologiques, ancrés dans le terrain. De la posture du chercheur à la pertinence des objets d’étude, l’accompagnement se révèle exigeant et généreux à la fois.

Au-delà des contenus partagés, c’est un souffle qui traverse la séance : celui d’une recherche vivante, ouverte, ambitieuse. Dans un monde éducatif en pleine mutation, où l’intelligence artificielle rebat les cartes du rapport au savoir, ce séminaire apparaît comme un espace rare de respiration intellectuelle, propice à la réflexion collective sur l’avenir de l’enseignement du français.

Sous la conduite du CREDIF, devenu fer de lance de la recherche en didactique au Maroc, et grâce à la présence d’une figure académique du calibre de Christophe RONVEAUX, l’USMBA confirme sa trajectoire : celle d’une université qui forme, pense et innove. À la sortie, les regards des jeunes chercheurs ne trompent pas : l’enthousiasme se mêle à la rigueur, la reconnaissance à l’exigence neuve. Trois jours ne suffiront pas à faire d’eux des chercheurs accomplis. Mais ils auront reçu ce que la recherche offre de plus précieux : l’audace de questionner, la discipline d’analyser, et le désir profond de contribuer, autrement, au futur de l’éducation.