Fès , carrefour du droit des entreprises en difficulté : une 3ᵉ édition des Journées du Restructuring à la hauteur des enjeux

Fès , carrefour du droit des entreprises en difficulté : une 3ᵉ édition des Journées du Restructuring à la hauteur des enjeux

Hicham TOUATI 

La ville de Fès a accueilli, les 8 et 9 mai derniers, un événement académique et professionnel d’envergure : la 3ᵉ édition des Journées du Restructuring, co-organisée par l’Université Euromed de Fès (UEMF) et l’École de droit de la Sorbonne. Cette rencontre internationale, devenue un rendez-vous incontournable pour les spécialistes du droit des entreprises en difficulté, a rassemblé plus de 250 participants venus d’Europe et d’Afrique, parmi lesquels des magistrats, professeurs, chercheurs, avocats, administrateurs et mandataires judiciaires.

Sous la houlette du professeur François Xavier LUCAS, cheville ouvrière de cet ambitieux colloque, ces deux journées ont été le théâtre de débats d’une haute tenue intellectuelle autour des réformes récentes en matière de procédures amiables et collectives, des innovations pratiques dans le domaine du restructuring, et des enjeux transnationaux que pose l’insolvabilité des entreprises, notamment dans un contexte de coopération Sud-Nord.

La densité et la pertinence du programme ont largement contribué au succès de cette édition. Sept tables rondes se sont succédé, abordant les thématiques suivantes : « Le traitement amiable des difficultés des entreprises », « L’alerte et le rôle des acteurs de la prévention », « La restructuration de la dette et les financements », « La procédure collective : regards croisés », « Le rôle des juridictions et des professionnels », « L’insolvabilité des groupes de sociétés » et « Restructuring et développement économique en Afrique ». Autant de sujets qui ont suscité des interventions d’une rare qualité, portées par des intervenants prestigieux.

La salle de conférences n’a pas désempli un instant durant les deux jours de l’événement. L’attention soutenue de l’auditoire, composé d’universitaires, de praticiens et d’étudiants, a été remarquée par tous les intervenants. Il est rare de voir un public aussi attentif, aussi engagé dans les débats, réagissant avec pertinence aux propos échangés. Cette ferveur intellectuelle a donné au colloque une intensité toute particulière, traduisant l’intérêt grandissant pour le droit du restructuring, tant en Europe qu’en Afrique.

« C’est un plaisir de voir que ces Journées Restructuring, que nous avons organisées pour la première fois voici deux ans, se renouvellent cette année avec une affluence toujours plus grande : 150 participants la première année, 180 la suivante, et nous sommes désormais à plus de 250 », a déclaré François Xavier LUCAS au micro d'Universitatv. « Le succès et l’intérêt manifestés pour ces journées ne se démentent pas. L’accueil réservé par l’UEMF explique en grande partie cette réussite. »

Dans un esprit de dialogue entre les systèmes juridiques, les interventions croisées ont permis de confronter les expériences françaises, marocaines et africaines. Le professeur LUCAS n’a pas manqué de souligner l’importance de cette synergie académique et professionnelle, notamment pour les étudiants : « Il est essentiel qu’ils participent à ce genre d’événements. C’est l’occasion de côtoyer les meilleurs avocats, de découvrir des savoirs actualisés, au-delà du cadre strictement académique, et de se confronter aux réalités du métier. »

François-Charles Despart, Président du Conseil National des Administrateurs et Mandataires Judiciaires de France, a salué la qualité des échanges : « C’est un formidable événement. On a le meilleur du restructuring français. Ce sont deux journées extrêmement enrichissantes, et le Conseil National est fier d’en être partenaire cette année. » Son intervention a mis en lumière les enjeux des réformes à venir en France, notamment les débats autour de la directive européenne sur l’insolvabilité et les procédures simplifiées concernant les microentreprises.

Même satisfaction du côté institutionnel, avec la participation remarquée de Xavier CLÉMENCE, chef du bureau du droit de l’économie des entreprises au Ministère de la Justice français : « C’est un vrai plaisir d’échanger dans ce cadre. Ce colloque est un pont entre les cultures juridiques française, européenne, maghrébine et africaine. »

L’esprit des Journées a également résonné dans les propos des étudiantes participantes, soulignant l’impact pédagogique de l’événement. « Ces tables rondes sont stimulantes et très intéressantes. On a eu l’occasion de découvrir et d’échanger avec des professionnels du restructuring », témoigne ALLALI Nivinne, en première année de Master de droit des affaires. Zina ALI, inscrite en Master d’administration et de liquidation des entreprises en difficulté à la Sorbonne, partage le même enthousiasme : « C’est une chance d’être là aujourd’hui, en compagnie du professeur Lucas et des professionnels du secteur. »

Ce colloque, qui consacre Fès comme un carrefour du dialogue juridique international, démontre la capacité de l’UEMF à créer des passerelles concrètes entre la recherche académique, l’enseignement supérieur et le monde professionnel. Tout porte à croire, comme le confiait le professeur LUCAS avec un brin d’optimisme, qu’une quatrième édition viendra bientôt prolonger cette dynamique d’excellence.