Le lycée Ibn Al Atir à Fès étouffe sous un nuage de fumée : un appel au secours des enseignants

Hicham TOUATI

Dans le silence apparent des salles de classe du lycée Ibn Al Atir, situé au cœur de la zone industrielle de Sidi Brahim à Fès, se joue quotidiennement un drame invisible mais insoutenable. Un nuage épais, noirâtre, âcre, plane sur l’établissement, s’insinuant dans les salles de cours, asphyxiant élèves et enseignants, altérant leur santé, et transformant chaque journée d’apprentissage en un exercice de survie.

Les professeurs, au bord de l’asphyxie, ont décidé de rompre le silence. Dans un appel sincère et poignant, ils décrivent une situation alarmante : « Un air saturé de fumée noire, des quintes de toux à répétition, des vertiges, des maux de tête insupportables… Nous travaillons dans des conditions indignes et potentiellement mortelles. »

Chaque jour, des fumées toxiques, émanant des unités industrielles avoisinantes, enveloppent l’établissement dans une brume nocive et persistante. Ce n’est plus une simple nuisance, c’est un péril constant. Les symptômes se multiplient : étouffements, troubles respiratoires, malaises. L’air est devenu un poison lent.

Face à cette détresse, les enseignants du lycée ont lancé une pétition, exprimant leur profonde inquiétude et leur volonté de ne plus subir en silence. Ils ont entamé une première action de protestation symbolique : une interruption des cours d’une heure le matin et d’une autre l’après-midi. Un premier signal d’alarme, avant un possible durcissement du mouvement si aucune réponse n’est apportée.

Car ce n’est pas seulement leur santé qui est en jeu. Ce sont des centaines d’élèves, souvent mineurs, exposés chaque jour à cette pollution insidieuse. Ce sont aussi les membres du personnel administratif, les agents de sécurité, de maintenance, les visiteurs tous pris au piège dans un environnement devenu invivable.

Les enseignants, dans leur appel, lancent un cri du cœur à leurs collègues à travers la ville et le pays pour leur solidarité, et exhortent les autorités compétentes à réagir sans délai.

Il est impératif que les responsables prennent toute la mesure de cette urgence sanitaire. Leur responsabilité est engagée : celle de garantir un cadre d’apprentissage sain et sécurisé pour tous les élèves, et des conditions de travail dignes pour le corps enseignant.

Le lycée Ibn Al Atir, symbole de résilience et de courage, n’a aujourd’hui plus besoin de simples promesses : il attend une action immédiate, une mobilisation concrète, pour que cesse enfin cette lente asphyxie.

La santé n’est pas négociable. L’école doit redevenir un sanctuaire de savoir et non un champ de souffrance.